Dans l’équipe du Ciné-Club de M.Bobine, les deux spécialistes du cinéma asiatique sont incontestablement Yoan Orszulik et Aurélien Gouriou-Vales. Ensemble ou séparément, ils ont déjà abordé les oeuvres de Bruce Lee, John Woo, Tsui Hark, Ronny Yu, Bong Joon-ho, Shin’ya Tsukamoto, Nobuhiko Obayashi, Ishiro Honda ou encore le parcours de l’actrice japonaise Meiko Kaji.
Considéré par beaucoup comme un des cinéastes les plus importants des 30 dernières années, Wong Kar-wai manquait encore à leur tableau de chasse. Ils ont donc de nouveau mis leurs plumes en commun pour évoquer non pas un mais deux films du cinéaste hongkongais. Ce dernier a commencé à taper dans l’œil de la critique occidentale en 1997 avec le drame Happy Together qui lui a valu le prix de la mise en scène à Cannes. Mais c’est surtout avec In the Mood for Love trois ans plus tard qu’il accède à la reconnaissance internationale. En 2006, il est le premier réalisateur chinois à présider le jury du festival de Cannes. Après le compliqué 2046, il se sépare d’un de ses collaborateurs le plus précieux, le directeur de la photo Christopher Doyle, et réduit considérablement son rythme de production. Son dernier film en date, The Grandmaster, date de 2013.
Plutôt que le Wong Kar-waï starifié des années 2000 (au point de ne jamais quitter ses lunettes noires), Yoan et Aurélien ont préféré s’intéresser à celui, plus méconnu de la décennie précédente. Réalisés à la suite, Chungking Express et Les anges déchus ont beau s’inscrire dans des genres différents (la comédie romantique et le néo-noir pour dire les choses rapidement), ils partagent la même énergie (qui s’estompera largement dans la suite de la filmo de WKW) et la même ambition : traduire par l’image les états d’âmes de ses personnages et dresser par la même occasion un portrait impressionniste de la ville de Hong-Kong avant la rétrocession.