Dans l’épisode de M.Bobine sur Indiana Jones et le temple maudit mis en ligne en 2017, j’émettais l’hypothèse que Munich était l’un des films dont Steven Spielberg devait être le plus fier. Pour ma part, je le considère comme un chef-d’œuvre total, mais j’ai toujours eu l’impression que je manquais un peu de “bagage” pour l’appréhender dans toute sa complexité. S’il avait vraiment fallu écrire dessus, je me serais probablement contenté de l’aborder sous un angle très précis. Le fait par exemple que Munich se présente comme le contrepoint inquiet de La liste de Schindler, où toute idée de paix et de rédemption semble cette fois vouée à l’échec. Ou encore le contexte de production qui permet à Spielberg d’enchaîner régulièrement et avec une aisance confondante des combos blockbuster estival / drame historique à quelques mois d’intervalle (rappelons que Munich a suivi de très près La guerre des mondes, cauchemar SF avec lequel il entretient plus d’un point commun).
Quand Antoine Verley nous a annoncé qu’il s’attaquait à ce film après ses très solides épisodes sur Lorenzo de George Miller et Le gouffre aux chimères de Billy Wilder, j’ai donc accueilli la nouvelle avec un mélange de curiosité et de soulagement.
Le résultat final est, à mon humble avis, à l’image du film : réflexif, érudit, et résolument passionnant. Il y est question dans un premier temps des nombreuses influences dont Spielberg, en bon cinéaste cinéphile, se revendique. Certaines semblent assez évidentes (les thrillers paranoïaques des années 70), d’autres nettement moins (je vous laisse le soin de les découvrir en regardant l’épisode). Et pour cause : si le cinéaste les convoque, ce n’est pas dans un but cosmétique, mais pour nourrir sa réflexion sur notre rapport toujours aussi ambigu aux images.