La Bête qui mangeait le monde est un projet que j’ai commencé à développer en 2007 et qui, avec le temps, a pris différentes formes.

Depuis l’adolescence, je me passionne pour l’histoire de la Bête du Gévaudan, que je considère comme l’une des plus troublantes énigmes criminelles de l’Histoire, au même titre que les meurtres de Jack l’Eventreur ou l’assassinat de John Kennedy. Pour moi, il était clair qu’il y avait là toute la matière pour un excellent film. Et je ne comprenais pas pourquoi le cinéma français ne s’était pas encore emparé de cette figure marquante de notre patrimoine, dont l’histoire à la croisée des genres mêle naturellement enjeux individuels et collectifs, actes de bravoure et complots machiavéliques, figures mystérieuses, tragiques et hautes en couleur.

Erreur réparée en 2001 avec la sortie – triomphale – du Pacte des Loups. Malheureusement, malgré d’évidentes qualités, le film m’avait laissé sur ma faim tant il prenait des libertés avec les faits historiques. Et encore, ce n’était rien à côté du téléfilm La bête du Gévaudan, diffusé sur France 3 quelques mois pour tard histoire de surfer sur la vague. Le choix le plus discutable concernait la Bête elle-même. En faisant de celle-ci un lion protégé par une sorte d’armure ou un psychopathe simplement revêtu d’une peau de loup, les deux oeuvres contredisaient plusieurs centaines de témoignages, qui évoquaient tous un grand canidé au pelage roux traversé par une grande bande noire.

Une illustration de la Bête du Gévaudan signée Johanna Öst.

Finalement, j’ai décidé de me faire plaisir et de « réveiller la Bête » à nouveau, avec comme modeste ambition de rendre justice à cette incroyable histoire qui est bien loin d’avoir livré tous ses secrets. Afin de retracer de façon aussi fidèle et exhaustive que possible les trois longues années durant lesquelles le monstre a sévi, mettre en lumière tous les aspects de l’affaire (politiques, humains, sociaux, théologiques, médiatiques même) et ressusciter l’ensemble des acteurs du drame, je me suis basé sur l’ouvrage La bête du Gévaudan, l’innocence des loups, publié en 1992. Son auteur, Michel Louis, est un zoologiste de renom et il me semble qu’il est le premier, en plus de 200 ans, à proposer une solution à l’énigme en tous points crédible.

Au vu de la richesse du sujet, le format mini-série de 6×52 mn m’est apparu dans un premier temps comme le choix le plus judicieux. J’avais cru aussi déceler à l’époque un vague sursaut de créativité au sein de la fiction télé française, qui me laissait croire qu’il y avait peut-être un espace pour La Bête qui mangeait le monde sur Canal+ ou le service public.

Toutefois, face au coût (costumes et décors en pagaille) et à la violence inévitable du projet (rappelons que la Bête a fait plus de 100 victimes, dont une majorité d’enfants), j’ai préféré changer de cap en 2008 et réarranger mon récit pour le destiner plutôt au grand écran. La Bête qui mangeait le monde est donc devenu un diptyque, à l’image du Mesrine de Jean-François Richet ou encore des derniers Harry Potter.

Le projet existe actuellement sous la forme d’un traitement d’une quarantaine de pages, auxquelles viennent s’ajouter un synopsis, une note d’intention et les continuités dialoguées de quelques scènes de l’acte 1.

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