Quand M.Bobine décide de s’attaquer à la saga Matrix (et au cinéma des sœurs Wachowski en général), il ne fait pas les choses à moitié ! Il y a d’abord eu la parution en novembre 2021 du livre L’œuvre des Wachowski. La matrice d’un art social. Écrit à six mains par mes camarades Aurélien Noyer, Yoan Orszulik et Julien Pavageau, cet ouvrage publié par Third Editions se veut une analyse transversale de la filmographie foisonnante de Lana et Lily Wachowski. De leur premier essai, le néo-noir Bound en 1996, à la série Netflix Sense8, arrêtée prématurément en 2018, les deux soeurs auront connu des fortunes diverses tant avec le public qu’avec l’industrie hollywodienne. Mais elles seront toujours restées fidèles à une conception du cinéma en tant qu’art à la fois esthétique et collectif, fruit du travail de toute une équipe et où le spectateur lui-même a un rôle à jouer.
L’édition First Print du livre illustrée par Guy-Pascal « Gax » Vallez
En parallèle de la sortie du livre, Julien Pavageau, l’un des trois auteurs et le principal artisan de la chaîne M.Bobine, a entrepris de transformer un des chapitres signés de sa main en épisode du Ciné-club. Au-delà des inévitables ajustements liés au changement de format, il y est fondamentalement question de la même chose : les résonances qu’entretient le premier Matrix avec toute une flopée de films sortis au cours des années 90, de Total Recall à Passé virtuel, en passant par Strange Days, Dark City, The Truman Show et toutes les tentatives (généralement ratées) de faire du cyberpunk au cinéma.
Alors Matrix est-il un plagiat éhonté, comme le laisse entendre Alex Proyas ? Un recyclage particulièrement malin façon Stars Wars ? Ou bien la parfaite cristallisation du Zeitgeist d’une époque prête à basculer dans un nouveau millénaire ? Pas besoin de pilule rouge pour connaître la réponse de M.Bobine, juste de cliquer sur le lien ci-dessous !
En 1999, Matrix avait été un véritable triomphe à la fois critique et public. C’est donc peu de dire que ses deux suites, tournées en back-to-back, étaient attendues au tournant. Mais, à la sortie en 2003 de Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, c’est la déception voire le rejet total qui domineront chez une bonne partie des spectateurs, désarçonnés par les partis-pris narratifs radicaux des Wachowski. Pour une minorité (dont l’équipe de M.Bobine fait partie), ce sera au contraire le début d’une quête quasi obsessionnelle pour essayer de comprendre le sens caché de ces films cryptiques en diable.
Presque deux décennies plus tard, l’annonce d’un quatrième Matrix supervisé par Lana Wachowski sans sa sœur (mais avec ses collaborateurs habituels depuis Cloud Atlas), a surpris tout le monde. Et le résultat, ô surprise, a divisé le public en deux camps radicalement opposés. Pour la majorité, Matrix Resurrections n’est rien d’autre qu’un film cynique, lourdement “méta” et aux scènes d’actions mal fichues, qui mérite donc amplement son énorme flop au box-office. Mais pour mes camarades de l’équipe de M.Bobine, l’idée que Lana Wachowski renie l’œuvre qui l’a faite connaître pour mieux se vautrer dans le nostalgisme ambiant ne colle pas vraiment avec les ambitions qu’elle a toujours manifestées jusque-là. Ils ont donc retroussé leurs manches pour proposer, une fois n’est pas coutume, l’analyse d’une film encore à l’affiche. Le tout avec suffisamment d’arguments et de pistes de réflexion pour encourager certains à donner une seconde chance à cette œuvre pour le moins déroutante.
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