Ciné-Club n°116 : Canal+ et le cinéma

Ciné-Club n°116 : Canal+ et le cinéma

Depuis quelques années, la chaîne YouTube du Ciné-club de M. Bobine s’est doublée d’une chaîne Discord, où sont les bienvenus tous ceux qui souhaitent parler cinéma de manière civilisée. C’est dans l’un des salons de discussion, à l’initiative d’un camarade scénariste, qu’est née courant 2021 l’idée d’un épisode consacré à Canal+. D’emblée, il nous a semblé évident que ce ne serait pas un petit ciné-club d’une dizaine de minutes comme au bon vieux temps. Au contraire, il risquait fort d’atteindre la durée quasi documentaire de nos épisodes consacrés aux coulisses de Disney ou à l’impact du 11 septembre sur l’industrie hollywoodienne.  

Canal+, en effet, c’est près de 4 décennies d’émissions plus ou moins cultes, mais aussi d’ambitions expansionnistes, de réussites éclatantes, d’échecs cinglants et de trahisons shakespeariennes. Pour traiter comme il se doit cette histoire mouvementée, deux auteurs, ce n’était clairement pas de trop ! À moi donc la première partie, qui revient sur les débuts quelque peu laborieux, le contrat nuptial passé avec le cinéma français, l’émergence du fameux « esprit Canal », la mainmise sur le festival de Cannes dans les années 90 et l’aventure hollywoodienne qui a connu des hauts (la fusion Vivendi-Universal) et des bas (le déconfiture Carolco). Mon compère Yoan Orszulik, lui, s’est concentré sur la période, finalement assez courte, où Canal+ a pesé de tout son poids pour bousculer le ronron du cinéma hexagonal. Il y a d’abord eu le soutien apporté à des projets atypiques comme La Haine de Mathieu Kassovitz, Bernie d’Albert Dupontel, Dobermann de Jan Kounen ou Seul contre tous de Gaspar Noé. Après quoi, la chaîne est passée à la vitesse supérieure en finançant ces deux “blockbusters d’auteur” que sont Le pacte des loups et Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre. Deux énormes succès sortis à un an d’intervalle mais qui, malheureusement ne laisseront quasiment aucun héritage et deviendront vite les vestiges d’une époque révolue. Celle où Canal semblait être une chaîne pas comme les autres, portée par des gens talentueux avec de vraies envies de cinéma. 

Comme on s’y attendait, le résultat de nos recherches et de nos réflexions a fini par atteindre la durée épique de 73 minutes. Ce qui n’a pas empêché ce nouvel épisode XXL de faire un des meilleurs démarrages de la chaîne et d’avoisiner les 50 000 vues en quelques jours. Comme quoi, nous ne sommes visiblement pas les seuls à ressentir un brin de nostalgie pour l’ère Lescure / De Greef et à nous poser cette petite question : esprit Canal, es-tu là ?

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