Réalisé il y a 30 ans tout rond, Cœur de tonnerre n’a pas connu un grand succès en salles, et encore moins de réhabilitation par la suite. Pour sa première diffusion à la télévision aux États-Unis, il a même été remonté et légèrement accéléré pour passer sous la barre des 90 mn, au grand désespoir de son réalisateur Michael Apted qui a préféré faire remplacer son nom par celui du traditionnel Alan Smithee. En ce qui me concerne, j’ai découvert ce film en vidéo dans une version à peu près correcte pour l’époque, et il a suffisamment marqué l’adolescent que j’étais pour que je le remate régulièrement au cours des années suivantes. Il était donc assez logique que, tôt ou tard, je décide d’y consacrer un texte pour Le Ciné-club de M.Bobine.
De loin, Cœur de tonnerre ressemble à bon nombre de ces thrillers à twist qui pullulaient au début des années 90. On peut aussi le rapprocher de films comme Witness ou Une étrangère parmi nous qui mettaient en scène comme lui un flic intégrant pour le besoins d’une enquête une communauté hermétique dont il va devenir un membre à part entière. Enfin, il est sorti à un moment où les Indiens d’Amérique redevenaient un sujet à la mode, dans le sillage du carton de Danse avec les loups, ce qui pourrait vite le faire passer pour un pur produit opportuniste.
L’épisode nous invite à aller au-delà de ces à-priori afin de prendre la mesure des véritables ambitions de Michael Apted. Décédé il y a un an dans une certaine indifférence, le cinéaste a livré pas mal de films à la facture très classique, parfaits pour un dimanche soir pépère sur le canapé. Mais, quand le sujet le passionnait vraiment, il était capable de pondre des œuvres puissantes et singulières. C’est le cas selon moi de ce Coeur de tonnerre, qui entend mettre en lumière le triste sort réservé aux Native Americans après la fin des guerres indiennes. Son propos militant est rendu encore plus explicite par un documentaire réalisé dans la foulée, Incident à Oglala, qui lui tente carrément de réparer une grave erreur judiciaire. Pour savoir si Apted a obtenu gain de cause, il ne vous reste plus qu’à cliquer sur les lèvres de Val Kilmer !